La Courneuve : le garage solidaire qui répare les véhicules et les gens

Par Nathalie REVENU – Le 3 Janvier 2019

MobilHub est beaucoup plus qu’un garage. « Nous réparons les véhicules et les gens », lancent Seyfeddine Cherraben et Olivier K. Esclauze, à l’origine du projet. Cette structure d’insertion par l’activité économique (SIAE) permet de faire réparer son véhicule, à quatre ou deux roues, à un coût moindre par un public en réinsertion. Installé sur une friche face à Eurocopter, il se doublera bientôt d’un fab lab sur les mobilités.

«C’est la clé pour un retour à l’emploi, analysent-ils. Un travail sur deux est refusé pour un problème de mobilité. » Le projet a été conçu par une dizaine de jeunes entrepreneurs aussi ingénieux que pugnaces. Ces trentenaires se sont lancés dans l’aventure alors qu’ils n’avaient jamais travaillé dans le secteur automobile. L’un est à la tête d’un bureau d’ingénierie, l’autre est consultant en stratégie et enseigne à l’université.

Les pouvoirs publics soutiennent l’initiative

Ils ont d’abord créé une association Les Cités d’or, « parce que le 93 est un eldorado. Il y a beaucoup de jeunes qui veulent entreprendre mais il existe des blocages psychologiques et peu de solutions ». « Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait beaucoup d’associations dans la culture, l’éducation, le social. Beaucoup moins dans le développement économique », expliquent-ils.

Le Courneuvien Seyfeddine a pu constater l’omniprésence de la mécanique sauvage dans les rues. « C’est un fléau mais certains de ces mécaniciens ont des mains en or. Nous voulions recruter ce public », poursuit Seyfeddine.

Pour monter ce projet il a fallu convaincre les pouvoirs publics. « La voiture, ce n’est pas trop dans l’air du temps », reconnaît Olivier. Le Département, la Ville, Pôle emploi et la direction des entreprises, du travail et de l’emploi (Direccte) appuient l’initiative. « MobilHub » est un projet innovant et écolo. C’est exactement ce dont nous avons besoin aujourd’hui : des solutions pratiques et pragmatiques qui répondent à la double urgence sociale et environnementale», souligne Stéphane Troussel, président (PS) du conseil départemental.

Trois salariés en insertion encadrés par un professionnel

Trois salariés en insertion, bientôt cinq, encadrés par un professionnel redressent les tôles froissées ou remettent en marche les mécaniques usées. Dans un hangar en brique, Kamel, 41 ans, ancien mécano de rue, apprécie : « Je travaille l’esprit tranquille, j’ai un salaire, je suis dans la règle. Tout se remet dans l’ordre. Ça change la vie ». MobilHub a aussi embauché une conseillère en insertion qui s’occupe de toutes les démarches sociales.

La clientèle y trouve aussi son compte puisque les prestations sont facturées de 30€ de l’heure pour les plus démunis et 45€ pour les autres. Il faut au préalable adhérer à l’association.

Le garage solidaire n’est que le premier étage de la fusée imaginée par ces jeunes créateurs. Le MobiLab permettra d’imaginer de nouvelles manières de se déplacer, établira des diagnostics de mobilité, réfléchira à des applications et ouvrira à d’autres projets sa couveuse de talents.

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