Par Marina FABRE – Le 25 Avril 2019
Difficile de travailler sans être véhiculé, surtout dans des endroits peu desservis en transport en commun. Des millions de Français font face à cette problématique de mobilité chaque jour. Pour y remédier, à la Courneuve, un garage solidaire propose des réparations à bas coûts pour les chômeurs longue durée, étudiants boursiers et autres personnes en difficulté. Un moyen de retrouver le chemin de l’emploi tout en créant pour les mécaniciens du garage, tous en réinsertion.
De prime abord, rien ne différencie Mobilhub, garage solidaire situé à la Courneuve, d’un garage classique. Des voitures, capots ouverts, sont garées, des pare-chocs alignés et Kamel S. un des mécaniciens du lieu, procède au nettoyage d’un moteur. Mais ici, les clients ne vont pas payer le prix fort. Le garage applique un tarif solidaire en fonction de vos revenus.
« Notre objectif est de redonner la mobilité aux gens, de leur permettre parfois de retrouver du travail », explique Olivier Esclauze, le cofondateur. « On s’adresse à tout le monde mais en particulier aux personnes qui sont dans une démarche de retour d’emploi ou qui ont plus généralement des problèmes financiers comme des étudiants boursiers, des chômeurs longue durée, des retraités, des bénéficiaires des minima sociaux… ».
Pas d’emploi sans mobilité
Et justement ce 9 avril, David, chômeur, vient faire réparer sa voiture. Il a essayé lui-même mais n’a pas réussi. « Mon beau-frère m’a donné une voiture parce que j’ai dû vendre la mienne, je ne m’en sortais pas financièrement », témoigne-t-il, « là je vais commencer un nouvel emploi, la voiture c’est un critère primordial. La première question que l’on me pose quand je dépose un CV est « êtes-vous véhiculé ? ».
C’est Pôle emploi qui a orienté David vers Mobilhub, même si Olivier Esclauze regrette que cela soit peu courant malgré le partenariat qui le lie à l’organisme public. Pour l’instant, c’est le bouche-à-oreille qui fonctionne le plus. « C’est en discutant avec les habitants de la Courneuve qu’on a eu l’idée de ce garage », atteste le cofondateur.
Réinsertion et lutte contre la mécanique sauvage
La totalité des employés sont des personnes en réinsertion. « Cela permet d’avoir un emploi stable et des horaires fixes », avance Kamel S. « Le garage solidaire a un sens que les autres garages n’ont pas. Ici on arrange les gens, on les fait payer moins cher, parfois on leur fait même des réparations gratuites. On a une vision où l’argent n’est pas prioritaire. On veut plus rendre service aux gens que courir après l’argent ».
Autre utilité de ce garage : lutter contre la mécanique sauvage. Kamel S, comme beaucoup d’autres, pratiquait la mécanique dans la rue. Un travail pour lequel il ne bénéficiait pas de salaire fixe, ni d’assurance, et qui contribue à polluer l’environnement, les huiles et autres produits n’étant pas traités. Chez Mobilhub, toutes les substances sont prises en charge par une entreprise spécialisée.